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Feu et neige [Background de Syra]

Démarré par Korael, 20 Octobre 2013 à 17:51:57

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Korael

Note :
Voici donc le background initial de Syra, écrit il y a deux ans et demi pour le début de la campagne précédente. Je vous prierais d'être indulgent avec le style, qui me paraît aujourd'hui avec le recul de bien piètre qualité... "^_^ Ceci étant dit, je vous souhaite une bonne lecture ;)


Feu et Neige


Je m'appelle Syra Caena. Je suis originaire de Karrik, dans le secteur Calixis.  Jusqu'à il y a quatre ans, j'étais encore une simple citoyenne de l'Impérium, sans avenir particulier.  Je ne connaissais rien en dehors de ma planète natale, je n'avais que vaguement entendu parler des quelques planètes de notre sous-secteur, et j'ignorais tout du reste de l'univers, de ses mystères et de ses dangers.
Aujourd'hui, je suis un agent du trône, au service de l'une des plus puissantes et des plus influentes institutions de l'Impérium : l'Inquisition.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la vie sur Karrik n'est pas vraiment une partie de plaisir. Sans être une planète glacée comme Valhalla ou Fenris, le climat y est très rude. La terre est gelée une grande partie de l'année, balayée par des vents froids et mordants. Sans parler des terribles blizzards qui surviennent régulièrement, même à l'équateur. Quiconque s'aventure à l'extérieur sans protection adéquate prend le risque d'être pris dans une tempête de neige et de mourir gelé avant d'avoir pu revenir sur ses pas.
Cependant, le froid n'est pas le pire danger sur Karrik : la planète est régulièrement bombardée d'astéroïdes, et si les plus petits se consument dans l'atmosphère, nombre des plus gros s'écrasent au hasard à sa surface, détruisant indifféremment  les routes, les maisons et les cultures.
Pour ne pas arranger les choses, Karrik est également victime d'une infestation orkoïde de niveau modérée. Les orks ont toujours été là, ils étaient déjà présents avant la colonisation de la planète par l'Impérium. Ils font partie du quotidien des habitants, qui se sont habitués à leur présence. Bien que les orks soient peu nombreux et mal armés, les karrikides doivent constamment rester vigilants et surveiller les alentours des villes, car les attaques d'orks sauvages ne sont pas rares.
Face à tous ces dangers, on peut se demander pourquoi 10 million et demi de colons s'obstinent quand même à tenter de survivre sur cette planète hostile.  Je ne le sais pas moi-même. Peut-être par fierté, par volonté de s'affirmer face aux forces de la nature, ou tout simplement parce que la plupart d'entre eux n'ont pas vraiment le choix.



Heureusement, le destin n'a pas entièrement abandonné les habitants de Karrik. En effet, certaines personnes naissent parfois avec un pouvoir incroyable : celui de contrôler le feu. Ces personnes sont appelées brasiers et sont vu comme une véritable bénédiction, car leur don facilite grandement la survie des communautés humaines, surtout pour les plus petites et les plus isolées.

Sur ce monde en marge du secteur calixien, très peu de personnes savent ce qu'est réellement un psyker, et encore moins sont ceux à connaître les édits de l'Impérium qui s'appliquent à eux. Mis à part quelques traditions et légendes à moitié oubliées, la population de Karrik ignore tout du Chaos et de la menace qu'il représente pour l'humanité. Mais malgré cette ignorance - ou peut-être grâce à elle -, les psyker qui se manifestent ici ne montrent aucun signe de corruption, et jamais l'un d'entre eux n'a été victime d'une possession démoniaque à ma connaissance. Peut-être que leur domaine d'action limité se traduit par une très faible résonnance dans le Warp, ou peut-être que leur esprit n'est pas assez éveillé pour le laisser se manifester dans le monde matériel. Je n'en sais rien. Toujours est-il que chaque brasier qui se révèle est un sujet de joie pour les karrikides, car face à l'enfer quotidien de leur monde, ces hommes et ces femmes apportent une lueur d'espoir dans le cœur de chacun.

C'est ainsi que l'Homme a continué à se développer sur Karrik, organisé en petites villes plus ou moins isolées les unes des autres et vivant principalement de l'exploitation de minerais. C'est là que je suis née et que j'ai grandi, et malgré les conditions difficiles, c'est de cette période de ma vie que je garde le meilleur souvenir.

Je vivais dans la petite ville de Rajak, au sud du continent principal. Rajak était situé près d'un gisement de magnésium, dont l'exploitation employait près de 2 000 personnes. Soit environ un quart de la population de la ville.
J'ai été élevée par mon oncle et ma tante, mes parents ayant tous deux disparu dans une tempête électrique - un des nombreux phénomènes climatiques inhérents à Karrik - lorsque j'avais quatre ans. Je ne conserve d'eux que de très vagues souvenirs et, depuis ce jour, c'est ma tante et mon oncle qui se sont efforcés de les remplacer du mieux qu'ils pouvaient. Ils ont beaucoup sacrifié pour moi, et je crois qu'ils me considéraient comme la fille qu'ils n'ont jamais eu. Grâce à eux, j'ai pu aller dès 8 ans chez les prêtres pour y apprendre à lire et écrire. Les prêtres, c'était un groupe d'ecclésiastes qui était arrivés sur Karrik il y a 20 ans pour y prêcher le culte de l'empereur, et qui s'était finalement installés à Rajak. En tant que seuls représentants de l'ecclésiarchie dans la ville, ils se faisaient un devoir de veiller à l'éducation intellectuelle autant que spirituelle des citoyens. Ils s'étaient plutôt bien intégrés au fil des années, et étaient devenu des membres à part entière de la petite ville, respectés par la grande majorité des habitants. Ce n'étaient pas des clercs psychorigides ou des prêcheurs fanatiques comme j'ai eu maintes fois l'occasion d'en rencontrer depuis. Non, ils étaient stricts, certes, mais compréhensifs et bienveillants. J'aimais beaucoup entendre leurs histoires à propos  des actes glorieux de l'empereur dans les temps anciens, cette époque ou l'humanité était encore à son apogée.

J'ai grandi ainsi au milieu des étendues glacées et de la toundra, aidant comme je le pouvais ma tante avec les tâches ménagères, tandis que mon oncle rentrait tard tous les soirs de la carrière afin de nous procurer de quoi manger. J'aurais pu continuer ainsi, et connaître une vie tout à fait banale, semblable à celle de milliards d'autres citoyens impériaux, si deux évènements ne s'étaient pas produits. Deux évènements qui ont changé complètement le cours de mon existence. Je ne sais aujourd'hui toujours pas si je dois remercier l'empereur pour cela ou non.

Le premier est survenu un jour d'hiver, alors que j'avais quinze ans. J'étais parti dans la forêt avec mes amis le temps d'un après-midi. Nos pas s'enfonçaient dans une épaisse couche de neige, et des nuages de vapeur se formaient dans l'air à chacune de nos expirations. Nous étions sur le chemin du retour, et alors que nous marchions en discutant et riant, je me suis soudain sentit observée. Je me suis arrêtée, et j'ai regardé autour de moi. Un peu plus loin, depuis le sommet d'une petite colline, un renard des neiges nous observait. Il n'avait pas encore adopté son pelage d'hiver, et sa fourrure rousse se détachait nettement sur le blanc immaculé qui tapissait le sol.



J'ai attiré l'attention des autres, et tous se sont arrêtés pour le regarder. Il était magnifique.  Nous avions du mal à le distinguer à cause des reflets du soleil sur la neige, c'est pourquoi plusieurs d'entre nous ont commencé à s'approcher de lui, espérant pouvoir l'admirer de plus près. Au même instant, l'animal s'est retourné et a disparu de l'autre côté de la crête. Nous nous sommes bien sûr lancés à sa poursuite. Il n'y avait que de la toundra autour de nous, il ne pouvait se cacher nulle part. Nous l'avons suivi sur plusieurs kilomètres, à travers les plaines enneigées. Parfois il s'arrêtait et se retournait pour nous regarder, comme s'il voulait nous laisser une chance de le suivre.

L'un après les autres, mes amis se sont épuisés et ont abandonné la chasse. Mais pas moi. Poussé par un désir inconnu, je refusais de repartir tant que je ne l'aurais pas vu de plus près. Je l'ai suivi ainsi pendant je ne sais combien de temps, et toujours il s'arrêtait quand la distance nous séparant devenait trop grande. J'allais finalement renoncer, quand je l'ai vu soudain se diriger vers un arbre mort qui se dressait là et s'assoir à son pied. J'ai ralentit l'allure, et je me suis approchée de lui, lentement, franchissant les derniers mètres qui nous séparaient comme dans un rêve. Il n'avait pas bougé, et il n'a fait aucun mouvement quand je me suis accroupie en face de lui.  Il se contentait de me fixer de ses yeux dorés. Des yeux magnifiques. J'ai répliqué son regard, et nous sommes restés là, pendant un long moment,  hors de la réalité et du temps. Puis, doucement, j'ai avancé ma main vers lui. Je ressentais au fond de moi un besoin irrésistible de le toucher, mais j'avais peur qu'il ne s'enfuie avant. Très lentement, j'ai approché ma main plus près encore. Jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'à quelques centimètres de son visage. Jusqu'à ce que je sente la chaleur de son souffle sur ma peau. Jusqu'à ce que mes doigts frôlent les poils de sa fourrure. Puis je l'ai caressé. Il n'avait toujours pas bougé. Alors que la tension retombait, je me suis sentie soulagée et apaisée à la fois. J'ai souri.
Et puis tout s'est passé très vite.
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Korael

Une immense lumière, vive et aveuglante. Des visions se succèdent dans mon esprit à un rythme effréné. Je suis au milieu du vide. Aussi loin que je regarde, je ne vois que des planètes et des étoiles à n'en plus finir. Elles se mettent à tourner, tourner de plus en plus vite autour de moi alors que j'ai l'impression de tomber à l'infini.

Flash de lumière. Je cours dans une forêt enneigée. Je cours très vite, esquivant les branches basses au dernier moment, sautant par-dessus les troncs renversés et les souches mortes. Une ombre sur ma gauche court dans la même direction que moi. J'essaye de la rattraper, je me rapproche d'elle, mais elle est rapide. Je la distingue à peine entre les arbres. Je n'abandonne pas. Je sens sa peur et sa fatigue, elle est à bout de forces. Dans un instant je suis sur elle. Je me prépare à bondir, et au moment propice, je lui saute dessus.



Flash de lumière. Je me tiens au sommet d'une montagne, recouverte de neiges éternelles. Toute la vallée s'étend à mes pieds. Je vois des forêts, des rivières et des villes, toutes petites. Soudain, j'aperçois une multitude de corps embrasés qui descend depuis les cieux. La pluie de météores s'abat sur la vallée, et le décor se change en vision de l'apocalypse alors que le ciel est zébré par les traînées de feu.

Flash de lumière. Je suis revenue à mon emplacement initial. Mais au lieu d'une plaine enneigée, c'est une terre aride et desséchée qui s'étend autour de moi. Le ciel est entièrement obscurci par des nuages à l'aspect surnaturel. L'arbre mort est toujours là, mais il est entièrement en feu, sans pourtant sembler se consumer. J'entends une voix qui murmure sans que je ne puisse l'entendre distinctement. Je regarde autour de moi, mais tout semble flou, comme dans un rêve. Seul l'arbre enflammé est visible de façon nette. La voix devient plus forte, elle semble me parler dans une langue que je ne comprends pas. Un vent soudain se lève, et fait voler la poussière du sol. Les flammes de l'arbre se mêlent à la tempête et viennent m'envelopper, mais je ne ressens pas de brûlure. Le vent redouble d'intensité, si bien que j'ai du mal à me tenir debout. Partout, tout n'est que flammes et fureur. Je sens que je suis forcée de céder devant les éléments déchaînés. Alors la tornade de feu m'emporte et je perds lentement connaissance, tandis que la voix continue de résonner dans ma tête.



Quand je me suis réveillée, j'étais allongée dans la neige, au pied de l'arbre mort. Le renard avait disparu. Encore à moitié sous le choc de ce que je venais de vivre, je me suis relevé et j'ai observé les alentours. Aucune trace de quoique ce soit qui puisse indiquer que ce que j'ai vu était vraiment arrivé. C'était comme si je venais de rêver tout ceci. Pourtant, mes visions m'avaient semblées incroyablement réelles. Je décidai finalement de reprendre le chemin de Rajak, encore troublée par tout ce qui venait de m'arriver.

C'est à ce moment que je me suis rendu compte à quel point je m'étais éloignée de la ville. La nuit allait tomber dans moins d'une heure, et si je restais à l'extérieur trop longtemps après le coucher du soleil, je risquais de mourir de froid. Pour couronner le tout, j'apercevais une tempête de neige en formation à plusieurs kilomètres de là. Il ne fallait surtout pas que je sois pris dedans, sinon c'était la mort assurée. Revenant rapidement sur mes pas, je forçais l'allure en espérant qu'elle ne vienne pas dans ma direction. Mais après une demi-heure de marche effrénée, il fallait que je me rende à l'évidence: la tempête se rapprochait et gagnait en intensité. Je me mis à courir, mais l'épaisse couche de neige ralentissait ma progression et, au loin, je voyais déjà le soleil commencer à disparaître derrière les montagnes. Haletante, je me retournais pour voir que la tempête serait sur moi d'ici quelques minutes. Cette fois, la panique s'empara de moi. Je courais à en perdre haleine, jetant des regards partout  autour de moi dans l'espoir d'apercevoir un abri. C'est alors que je vis l'entrée d'une grotte à quelques pas de là. Je n'avais plus le choix, et je m'y précipitais avec mes dernières forces. A peine étais-je entrée que le blizzard meurtrier s'abattait à l'extérieur, plongeant tout ce qui se trouvait dehors dans un tourbillon de blanc et de gris.

La grotte était sombre, et la faible lumière pénétrait encore par l'entrée me permettait à peine d'en distinguer le fond. Je me recroquevillais dans un coin, consciente que ce faible abri ne me préserverait guère des rigueurs de la nuit. Lentement, la lumière qui filtrait de l'extérieur faiblit encore plus, jusqu'à disparaître complètement. L'obscurité s'installa, et avec elle vint le froid. Un froid insidieux et traître, qui gagnait lentement chacune des parties du corps avant de le plonger entièrement dans un sommeil éternel. Dehors, la tempête faisait toujours rage, et je savais que cette nuit serait très certainement ma dernière. Néanmoins je restais calme, déterminée à lutter jusqu'à ce que mes forces m'abandonnent et que la fée de glace vienne me prendre. Dans un geste désespéré, je soufflais dans mes mains engourdies pour tenter de les réchauffer. Je fermais les yeux et m'efforçais de me rappeler à l'esprit des souvenirs de chaleur. La caresse des rayons du soleil sur ma peau. La sensation de revivre lors d'un bain dans une source thermale. La sérénité et la force que je puisais à chaque fois que je m'asseyais en face de l'âtre brulant.
Au fur et à mesure que je soufflais, j'avais l'impression que le froid quittait mes mains et qu'il était petit à petit remplacé par une douce chaleur. Cette impression se fit de plus en plus prononcée, et elle ne disparut pas lorsque je m'arrêtai finalement de souffler. Ouvrant alors les yeux, je découvris avec stupeur la petite flamme qui dansait au creux de mes mains. Elle ne me brûlait pas, et pourtant je ressentais pleinement sa chaleur. Emerveillée, je soufflais doucement dessus encore une fois. Comme si elle se nourrissait  de mon souffle, la flamme grandit et gagna en force. Je levai la main, et elle suivit le mouvement.



Ce phénomène, je l'avais déjà observé des centaines de fois chez les brasiers de Rajak, qui pouvaient invoquer le feu à volonté et semblaient le faire bouger par la pensée. Mais le vivre  soi-même était quelque chose de complètement différent. C'était une sensation incroyable, comme si le feu faisait partie de mon corps, comme si c'était une extension de ma volonté. Il me suffisait de fixer mon esprit sur elle, et déjà la flamme obéissait. Je me concentrai quelques instants, et aussitôt elle se transforma en une sphère de lumière incandescente. Sa bienveillante chaleur irradiait toute la grotte, et je sentais le froid refluer lentement de chacun de mes membres. Cependant, je sentais aussi une grande fatigue me gagner au fur et à mesure que le la sphère prenait de l'ampleur. Je compris que le feu brûlait une partie de mon énergie, et que je ne pourrai pas le maintenir dans cet état indéfiniment. Me concentrant brièvement, je le fis diminuer jusqu'à ce qu'il prenne l'aspect d'un petit feu de camp, de loin pas aussi puissant, mais suffisant pour que je ne meure pas de froid. M'enroulant dans mon manteau, je me suis alors allongée en face des flammes pour essayer de dormir, espérant que la tempête se calmerait et que je pourrai reprendre ma route le lendemain.
Mais cette nuit me réservait encore une surprise.

Dans mon sommeil, il me sembla entendre un bruit, et je sentis tout d'un coup comme une présence peu rassurante. Je me réveillai brusquement. Tout était calme dans la grotte. Dehors, le vent continuait de hurler. Mon feu s'était réduit à une petite flamme vacillante qui peinait à éloigner l'obscurité. Rien ne bougeait. J'avais sans doute fais un mauvais rêve.
Et là, j'ai senti l'odeur. Une odeur fétide, repoussante. Une odeur mêlée de sang et de sueur. Je connaissais cette odeur. Et je ne pouvais m'empêcher de frissonner à l'idée que la chose qui la dégageait était peut-être proche. Puis, un grognement sourd, animal, a retentit à l'extérieur de la grotte, et j'eus l'impression que mon sang se figeait dans mes veines. Ce qui restait de mon feu s'est éteint subitement, ne laissant que quelques misérables braises comme seule source de lumière, mais je ne pensais plus à ça. J'étais trop occupée à me recroqueviller dans un coin de la caverne, terrifiée, espérant que la chose ne me remarquerait pas.
Et c'est là que je l'ai aperçu. Emergeant de la tempête, sa silhouette s'est découpée à l'entrée de la grotte. Il faisait bien deux mètres et demi. Deux mètres et demi de muscles et de force brute. Une peau verte, épaisse comme le cuir le plus dur, un visage grotesque au nez aplati et, enfin, de grands crocs qui dépassaient d'une mâchoire inférieure disproportionnée. Un ork sauvage.

Il a fait quelque pas à l'intérieur,  en traînant derrière lui une imposante hache à lame de silex, et dont le manche semblait avoir été taillé dans un os. Il s'est mis à renifler l'air, tout en balayant rapidement la caverne du regard. Dans mon coin, je priais l'empereur et tous les saints que je connaissais pour qu'il ne me remarque pas et qu'il s'en aille. Et soudain, son regard s'est posé sur moi. Je voyais ses petits yeux noirs luire à travers la pénombre. J'étais complètement tétanisée. Mais alors que la terreur s'emparait de tout mon être et m'empêchait de faire quoi que ce soit, je sentis au fond de moi quelque chose qui me disait de garder mon calme. C'était comme une présence familière et rassurante qui me murmurait des paroles d'encouragement, et m'exhortait à reprendre le contrôle. Peu à peu j'ai repris confiance, et j'ai retrouvé la capacité de bouger. Une force inconnue m'imprégnait, et c'est avec une détermination nouvelle que je me suis relevée pour faire face à l'ork.
Le monstre ouvrit la bouche, découvrant pleinement ses dents démesurées, et poussa un rugissement terrible qui résonna et fut amplifié par les parois de la caverne. Je ne bougeais pas et, bien que mon cœur batte très fort dans ma poitrine, je continuais à me dresser face à lui dans une attitude de défi. L'ork souffla plusieurs fois bruyamment, et se mit à avancer vers moi de sa démarche pesante. Je fermai les yeux et tendit les mains. Des flammes apparurent entre mes paumes ouvertes. J'entendais l'ork continuer de s'approcher. Je me concentrai sur le feu. Il était là, en moi, prêt à sortir. L'ork venait d'accélérer, je savais qu'il allait se jeter sur moi d'une seconde à l'autre et abattre son énorme hache sur ma tête.

J'ouvris les yeux. Je les sentais brûler de l'intérieur comme des charbons ardents. En poussant un cri furieux, je libérai toute l'énergie qui était en moi et la projetai en dehors de mon corps. Un jet de flammes tourbillonnantes s'échappa de mes mains et jaillit en direction de la bête. L'espace d'un instant, je vis la rage sur son visage laisser place à une expression de surprise et d'incrédulité. Puis elle fut submergée par le torrent de feu. Quelques secondes plus tard, l'inferno cessa, et le calme revint dans la grotte. Sur le sol rocheux gisait un cadavre d'ork entièrement carbonisé et encore fumant.

Ce n'est que le lendemain que la tempête s'apaisa et que je parvins à rejoindre Rajak. J'étais épuisée et je mourais de faim, mais j'étais vivante. Et, bien que je ne sache toujours pas comment ni pourquoi, j'avais découvert que moi aussi, je possédais le don. Désormais j'étais un brasier, un gardien du feu et protecteur de mon peuple. Pour moi, cette révélation était alors une chance incroyable, et probablement un signe bénéfique du destin. Je devais être détrompée cinq ans plus tard, lors de ce deuxième événement qui a changé ma vie pour toujours.
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Korael

C'était le début de l'été. Pour la première fois depuis de longs mois, la température avait dépassé les 10°C. La neige avait quasiment disparue dans la région, ce qui rendait mon travail beaucoup plus facile. Depuis le début de la journée, je creusais le sol avec un piolet à la recherche de racines et de champignons souterrains. Mon sac était déjà presque plein, et j'avais de quoi renouveler mon stock d'ingrédients pour la semaine à venir. C'est avec ce genre de produits que je préparais les onguents et les breuvages médicinaux qui me permettaient de vivre. Mon oncle était mort depuis deux ans, d'une maladie due aux poussières de magnésium qu'il respirait chaque jour à la carrière. Ma tante l'avait suivi peu après, victime d'une chute d'astéroïde qui avait détruit une partie de la ville, le jour de mes 18 ans. J'en avais maintenant 20, et j'avais dû me trouver une occupation pour subvenir à mes besoins. Celle-ci me convenait tout à fait et, bien que la recherche de composants fût ardue en hiver, l'été et la fonte des neiges la rendait beaucoup plus viable.

Cependant, le retour de la chaleur - toute relative - n'apportait pas que des avantages. Car si le froid hivernal était un défi permanent à la vie, il avait aussi pour conséquence de ralentir le la croissance des orks. Avec l'arrivée de températures plus clémentes, leur développement reprenait, et dès le printemps il fallait s'attendre à voir des cocons d'orkoïdes éclore aux quatre coins de la planète. La veille encore, j'avais rejoint une patrouille des FDP équipée de lance-flammes, envoyée pour rechercher et détruire toute colonie de fongus suspecte. Je crois qu'ils ont bien apprécié mon aide, autant pour ma connaissance du terrain que pour ma capacité à réduire en cendre ces maudits champignons. J'aimais bien me rendre utile du mieux que je pouvais, que ce soit grâce à mes pouvoirs ou à mes remèdes. Je pensais avoir trouvée ma voie, que ma vie était ainsi tracée.
Je ne le savais pas encore, mais ce jour-là, toutes ces convictions allaient être définitivement balayées.

Sur le chemin du retour, un vrombissement dans le ciel me fit lever la tête. J'aperçus une navette qui filait au-dessus de moi en direction de la ville. Je fus un peu surprise, car je n'avais que rarement eu l'occasion de voir des vaisseaux spatiaux, ceux-ci étant plus présent dans les grandes cités que dans les petites villes comme Rajak. Celui-là ne ressemblait à aucun de ceux que j'avais vu jusque-là. Ce n'était ni une navette marchande, ni un chasseur des FDP. Sur sa coque était marqué un symbole que je ne connaissais pas : un grand I avec trois barres au centre.

Sans m'attarder plus longtemps sur ce mystère, je continuai ma route vers Rajak. Vingt minutes de marche plus tard, j'étais aux portes de la cité. Bizarrement, je croisais peu de gens dans les rues et devant les échoppes. Un samedi après-midi, le centre-ville aurait dû être plein de monde. C'est alors que j'entendis une rumeur lointaine. Allant dans la direction du bruit, je me rendis compte qu'il venait de la place principale. Comme je m'en approchais, je parvins à discerner le brouhaha d'une foule, et par-dessus une voix forte que la rumeur n'arrivait pas à couvrir. Lorsque j'atteignis la place, ce fut pour y découvrir un spectacle étrange :
Le vaisseau que j'avais aperçu plus tôt s'était posé en plein milieu. Au centre de la place, une estrade avait était dressée et était maintenant entourée d'un grand nombre d'habitants. Sur l'estrade se tenait un groupe de personnes étranges, probablement les occupants du vaisseau. La plupart étaient vêtus de longs manteaux et de cagoules, et portaient de nombreuses armes ainsi que, pour certains, des torches enflammées. Mais le plus surprenant était l'homme au centre de l'estrade. Engoncé dans une énorme armure décorée du même symbole que celui sur la coque du vaisseau, il tenait une longue hache dans une main, et une arme automatique non moins imposante dans l'autre. C'était de lui que venait la voix, et il haranguait la foule avec force au moment où j'arrivai :
« Citoyens de Rajak ! Je suis venu vous avertir du mal qui vous menace. Oui, je vous annonce que la souillure du Chaos est parmi vous ! Ouvrez vos yeux, et voyez comme vous êtes entourés par le péché. Les sorciers se sont multipliés en votre sein, et maintenant leur engeance infeste toutes vos communautés ! Ces hérétiques doivent être détruits au nom de l'empereur, afin que sa volonté s'accomplisse, et que l'humanité soit libérée du mal qui la ronge ! Ne tournez pas le dos à cette menace, car leur corruption et leur traîtrise vont signer votre perte !
Au nom de la très sainte Inquisition, je vous somme de m'amener ici même tout sorcier ou hérétique que vous trouverez, afin que je leur dispense le châtiment qu'ils méritent ! »

Le brouhaha gagna en intensité. Tout le monde parlait à tort et à travers : certains semblaient effrayés, d'autres en colère et d'autres encore semblaient ne pas avoir compris ce que l'étranger racontait. C'était mon cas. Je n'avais jamais entendu parler de sorciers, du Chaos, ou même de cet « Inquisition » dont il se réclamait.
Après un moment, le maire de Rajak, monta sur l'estrade et fit face à l'homme en armure.
« Il n'y a ici que de loyaux serviteurs de l'empereur. Vous ne trouverez pas chez nous ce que vous cherchez, quoi que cela puisse être. Repartez, et laissez-nous en paix. »
Une expression de colère apparut  sur le visage de l'étranger :
« Comment !? Vous osez vous opposer à la sainte inquisition !!? Traîtres, vous le paierez cher ! Et puisque vous refusez de nous livrer vos sorciers, nous irons les chercher nous même ! »
Il fit un signe aux autres hommes qui empoignèrent leurs armes et se dirigèrent à sa suite vers les marches de l'estrade. Le maire s'interposa entre lui et la sortie.
« J'ai encore autorité dans cet ville, et je vous ordonne de repartir dans votre vaisseau et de nous laisser tranq... » Avant qu'il ait pu terminer sa phrase, l'homme avait levé son arme et lui avait tiré deux balles dans le torse. «Vous êtes relevés de vos fonctions. » annonça-t-il d'un ton glacial.
A cet instant, la panique s'empara de la foule qui se mit à se disperser dans le plus grand désordre. Tout le monde criait et courait en tous sens, alors que par-dessus le vacarme retentissait la voix de l'étranger :
« Ainsi périssent ceux qui s'opposent à la volonté de l'empereur ! Tremblez, car je suis l'incarnation de sa parole, et je ne connais pas la pitié ! »



Je me mis à courir moi aussi, suivant le flot de citoyens qui refluaient de la place. Derrière moi retentissaient des cris et des coups de feu, mais je ne voulais pas me retourner, juste fuir loin de ce cauchemar.  Après avoir franchi une distance suffisante, je repérai un baraquement abandonné et m'y engageai. Dès que j'eus franchi la porte défoncée, je me collai contre le mur en espérant que personne ne m'avait vu entrer. Mon cœur battait la chamade, et j'avais du mal à reprendre mon souffle. Après un moment, je risquai un coup d'œil à l'extérieur pour vérifier s'il y avait du danger. Dans la rue que je venais de quitter, des gens couraient encore, mais personne ne semblait avoir fait attention à moi. J'entendais au loin d'autres coups de feu et des bruits d'explosion. Soudain, une main se plaqua sur ma bouche, et on me tira en arrière. J'essayai de crier et de me débattre, mais on me tenait fermement. J'entendis alors quelqu'un chuchoter près de mon oreille : « Calme toi. C'est moi, Liam »
Je me détendis aussitôt, et je fus relâchée. Derrière moi se tenait un homme à peine plus âgé que moi, aux yeux gris clair et aux cheveux bruns en désordre : Liam, un ami d'enfance. Et un brasier, tout comme moi.
« Tu m'as fait peur. » lui dis-je à moitié en colère, à moitié soulagée.
« Désolé. Il ne fallait pas que tu cries, ça aurait pu les alerter. Tu n'as rien au moins ? »
« Non, ça va. Mais c'est qui ces gens ? Et pourquoi font-ils ça, qu'est-ce qu'ils nous veulent ? »
« Mais enfin, tu n'as toujours pas compris ? Ils sont là pour nous, Syra. Pour nous éliminer.»
J'avais du mal à saisir.
« Comment ça pour nous ? Tu veux dire les brasiers ? »
« Oui » me répondit-il d'un air sombre. « Ces types cherchent à tuer tous ceux qui ont le don. »
J'étais complètement perdue. « Mais... pourquoi ? Pourquoi voudraient-ils faire une chose pareille ? »
« Je n'en sais rien. Ce qui est sûr, c'est qu'on est en danger ici. Il faut qu'on se tire de là, et vite. »
Après nous être assuré qu'aucun des étrangers n'était dans les parages, nous sommes sortis de notre cachette et nous sommes lancés dans une course à travers la ville, nous arrêtant à chaque coin de rue pour vérifier que la voie était libre. Alors que nous nous cachions dans une ruelle pour laisser  passer un groupe d'hommes armés un peu plus loin, Liam jura entre ses dents : « C'est pas vrai, il y en a partout. Ça va être dur de sortir de la ville sans se faire repérer. »
Je me tournai vers lui. « Où est-ce que tu veux aller ? »
« Une dizaine de kilomètres à l'est, il y a un campement de bucherons. On pourra sûrement y rester jusqu'à ce que ces fous soient repartis. »
Soudain je sentis un doute épouvantable m'envahir: « Mais Liam, et si il ne repartent pas ? S'ils décident de rester à Rajak ? Qu'est-ce qu'on va devenir ? »
A son air, je vis que mes paroles l'avaient troublé. Il avait clairement perdu une partie de son assurance.
« Je... je ne sais pas Syra. Il faut juste espérer que nous... » Il fut soudainement interrompu par un cri venant de derrière nous « Hey ! Vous là-bas ! »
Je me retournai brusquement. À l'autre bout de la ruelle se tenaient des individus encagoulés et bardés d'armes. Comme pétrifiée, je regardais l'un d'entre eux avancer dans notre direction et nous interpeller : « Inquisition. Veuillez nous suivre sans résistance, nous avons des questions à vous poser. » Je n'arrivai plus à penser. Je ne pouvais même pas bouger. J'étais juste paralysée par la peur. Alors Liam se retourna lentement vers moi, me regarda et lâcha un unique mot : « Cours »



Ce fut comme une claque. Instantanément, je retrouvai toutes mes facultés tandis que mon instinct de survie prenait le dessus sur la peur. Nous nous sommes brusquement élancés dans la direction opposée, sans attendre de voir la réaction des autres.
Derrière nous retentissait la voix de l'homme : « Halte, revenez  ici ! Par le trône, ils s'enfuient. Rattrapez-les ! »
Liam à mes côtés, je continuai de courir, sans me soucier des coups de feu et des balles qui sifflaient à mes oreilles. Nous passions de rue en rue, changeant toujours de direction pour tenter de semer nos poursuivants. Après plusieurs minutes de course effrénée, les cris et les coups de feu se firent plus distants. Je me retournai, mais ne vis aucune trace des hommes qui nous chassaient.
« Je crois qu'on les a semés. » dis-je à Liam sans m'arrêter de courir.
« Non, ils ne vont pas lâcher le morceau si facilement. » répondit-il. « Ne t'arrête pas avant qu'on soit sorti de la ville. »
À peine avait-il fini sa phrase qu'un homme surgit devant nous, fusil braqué dans notre direction. « Halte ! Au nom de l'inquisition, vous êtes en état d'arrest... » Il n'eut pas le temps de finir. Liam avait mis sa main en cône devant sa bouche et avait soufflé au travers. Un puissant jet de flammes en sortit en recouvrit l'individu, qui s'écroula au sol en hurlant. Il se tortilla encore quelques instants, en proie aux flammes, puis ne bougea plus du tout.
« Tu... tu l'as tué... » J'étais complètement choquée. Jamais je n'avais vu un brasier utiliser ses pouvoirs pour tuer autre chose qu'un ork. Liam me regarda d'un air sombre. « C'était lui ou nous. Tu as vu ce qui s'est passé sur la place : ces types ne nous montrerons aucune pitié. Si on veut survivre, il faut que nous n'en ayons pas non plus. »

Je le regardai un instant, incrédule. Son visage était dur et fermé. Je ne le reconnaissais pas. Et pourtant, il avait sans doute raison. Puis, des cris et des bruits de course retentirent non loin : les autres revenaient par ici. Nous nous sommes remis à courir, zigzagant à travers les rues de Rajak, sans jamais apercevoir nos poursuivants, mais devinant leur présence d'après les sons qui nous parvenaient. Je commençai à m'épuiser, lorsque soudain apparut devant nous un champ de ruines. Deux ans auparavant s'était tenu ici un quartier d'habitation entier, avant qu'il soit détruit par une chute de météorites. De l'autre côté se dressait la porte Est. Et à travers elle, on pouvait déjà apercevoir la lisière de la forêt.
« Courage ! Une fois dans les bois, on sera en sécurité. » me dit Liam tout en courant.
Je puisai dans mes dernières réserves d'énergie afin de franchir la centaine de mètres nous séparant de la porte. Je marchais sur les tas de gravats, sautais par-dessus les murets écroulés et esquivait les restes de poutres calcinées, tandis que des balles sifflaient et ricochaient tout autour de moi.
Nous avions presque atteint la porte, lorsque tout d'un coup mon pied se prit dans un vieux câble électrique. Je perdis l'équilibre et m'étalai lourdement dans la poussière et les débris. A moitié sonnée, je me redressai et tentai de me relever, mais ma jambe était restée coincée dans l'enchevêtrement de câbles. J'avais beau forcer, je n'arrivai pas à me dégager. Un peu plus loin, Liam avait remarqué ma chute et s'était arrêté. Avisant les hommes armés qui accouraient de toutes parts, il sembla hésiter un instant. Puis il fit demi-tour et revint vers moi en courant. C'était de la folie. Il n'aurait jamais le temps de m'atteindre et de me libérer avant qu'ils ne nous rattrapent. Je lui criai de partir, de me laisser ici et d'aller se mettre en sécurité, mais il ne m'écoutait pas. Fonçant à travers les décombres, rien ne semblait décidé à l'arrêter. Il m'avait presque rejoint, lorsque retentit une détonation. Au même instant, une balle l'atteignit de plein fouet. Le sang gicla de la blessure, et Liam vacilla sous le coup. Une expression de surprise était apparue sur son visage. Je le vis franchir les derniers mètres qui nous séparaient au ralenti. Il ne s'arrêta que lorsqu'il fut juste devant moi. Puis une nouvelle détonation déchira l'air, et une seconde balle le frappa en pleine poitrine. Toujours au ralenti, je le vis tomber à genoux en face de moi, me regarder une dernière fois de ses yeux déjà presque vides, avant de s'effondrer sur le côté, sans vie.
Bi-class

Korael

Tout s'arrêta pour moi. Les sons et les images ne me parvenaient plus qu'à travers une sorte de brouillard confus. Je sentais à peine les larmes rouler sur mon visage. Liam était mort, tous ceux que j'avais aimé étaient mort, et maintenant j'allais sans doute mourir moi aussi.
Comme dans un rêve, je sentis vaguement qu'on m'empoignait et qu'on me relevait de force.
Ce fut la douleur cuisante d'une gifle qui me ramena à la réalité. Devant moi se tenait un homme avec un long manteau. Il avait enlevé sa cagoule, et me fixait d'un regard emplit de haine. Deux autres se trouvaient derrière moi et me tenaient chacun par un bras.
« Chienne d'hérétique ! » aboya l'homme. « Toi aussi t'es une putain de sorcière, hein ? Allez, avoue ! Et ton pote qu'on vient de flinguer, j'suis sûr que c'en était un aussi. »
Pour toute réponse, je lui crachai à la figure.
« Aaahh ! Sale garce, tu vas voir ! » hurla-t-il en s'essuyant la salive du visage. Puis il m'envoya un violent coup de poing dans l'estomac qui me coupa le souffle.
« Alors ? Tu fais moins la maligne maintenant, hein !? » Il m'attrapa par les cheveux et les tira en arrière pour me forcer à relever la tête. Je serrai les dents pour ne pas crier de douleur. Je ne voulais surtout pas lui donner cette satisfaction.
« Tu vas nous dire où sont cachés tous les autres rats de ton espèce, et j'te promets que ta mort sera un peu moins douloureuse que la leur. » murmura-t-il avec un sourire carnassier.

« Eh bien, eh bien, messieurs. En voilà des façons de parler à une jeune fille ! »
L'homme qui venait de parler était apparu derrière nous sans que personne ne sache d'où il était venu. Il était vêtu de bottes, d'habits de cuir, d'une longue cape et d'un chapeau à large rebord. À sa ceinture était accroché une épée à lame courte, ainsi qu'un long pistolet d'aspect archaïque. Sa voix était calme et assurée, et on pouvait même y déceler une petite pointe d'amusement.
L'individu qui me tenait se détourna de moi pour faire face au nouveau venu en le regardant d'un air mauvais.
« T'es qui, toi ? »
« Inquisiteur Vownus Kaede, pour vous servir. » répondit l'autre en faisant une révérence. La brute eut l'air déstabilisée par les mots de l'inconnu, puisqu'elle se retourna vers ses camarades, comme pour chercher un quelconque soutien de leur part. Comme ceux-ci ne semblaient pas plus assuré que lui, il se racla la gorge et se retourna vers l'étrange personnage.
« Ah... eh ben... voilà, inquisiteur : on vient de capturer cette rebelle alors qu'elle essayait de s'enfuir, et on s'est dit que c'était sûrement une de ces sorcières, alors on... »
« Je sais. » le coupa l'autre. « Et je vais vous demander de me la laisser pour que je m'occupe personnellement  de son cas. »
« Euh... vous êtes sûr monseigneur ? Vous savez, on a des instructions et... »
« Dites-moi, vous ne seriez pas en train de contester les ordres d'un membre de la sainte inquisition par hasard ? »
L'autre n'en menait pas large. « Euh... non, non, pas du tout monseigneur ! Tenez, on vous la laisse. » s'empressa-t-il de répondre. Ses deux camarades me relâchèrent et me poussèrent dans sa direction.
L'homme au chapeau sourit « C'est bien ce que je me disais aussi. Eh bien, puisque ceci est réglé, messieurs, je ne vous retiens pas plus longtemps. Vous pouvez disposer.»


Les trois hommes semblaient soulagés qu'il leur demande de partir. Ils étaient sur le point de quitter les lieux, lorsque le comm-vox de l'un d'entre eux grésilla et qu'une voix déformée par les parasites en sortit :
« ... attention. Des individus prétendant être des membres de l'inquisition cherchent à faire échapper les hérétiques. Ordre de les arrêter sur-le-champ. Je répète, des individus cherchent à faire échapper les hérétiques... »
Tout le monde se retourna pour regarder l'homme au chapeau. Pendant quelques secondes, la scène se figea. Celui-ci avait l'air étonné, mais pas inquiet pour autant.
« Messieurs, je crois qu'il s'agit là d'une lourde méprise. Vous n'allez tout de même pas croire que je pourrais être une sorte d'imposteur, n'est-ce pas ? »
Celui qui portait le comm-vox à la ceinture dégaina son épée et s'avança vers lui.
« Inquisiteur de mon cul, oui. T'as bien failli nous avoir avec ton petit numéro. Je vais te montrer qu'on se moque pas impunément des agents de l'Inquisition. »
« A votre place, je ne ferais pas ça. » lui répondit-il simplement. Mais l'autre s'était déjà jeté sur lui, son arme brandie.
« Tant pis pour vous. »

Plus rapide que l'éclair, l'inconnu dégaina sa propre épée et para l'attaque de son assaillant. Il fit un bref mouvement du poignet, et sa lame trancha la main du malheureux, qui tomba à terre avec l'arme qu'elle tenait. Celui-ci poussa un hurlement de douleur, et recula en se tenant son moignon ensanglanté. « Putain de merde ! Il m'a coupé la main cet enfoiré de fils de grox ! Mais qu'est-ce que vous attendez, bordel !? Saignez-moi ce porc !! »
Une fois le premier moment de surprise passé, ses camarades tirèrent à leur tour leurs armes et passèrent à l'attaque. Sans se départir de son calme, l'homme leur fit face et se contenta tout d'abord de parer et d'esquiver leurs assauts sans chercher à riposter. Malgré tout leur acharnement, ils ne parvenaient pas à le mettre en difficulté, ce qui accroissait d'autant leur fureur. Pendant ce temps, le troisième acolyte s'était trainé à l'écart et hurlait à présent dans son comm-vox pour appeler des renforts. Il ne fallut pas longtemps pour que d'autres hommes arrivent sur les lieux et se joignent au combat.

Personne ne faisait plus attention à moi : ils étaient tous pleinement concentrés sur l'homme au chapeau. J'aurais pu profiter de cette diversion inespérée pour m'éclipser, mais j'étais trop intriguée par le mystérieux personnage pour songer à m'enfuir. Cachée derrière un pan de mur à moitié écroulé, j'observais le combat se déroulant au milieu des ruines. L'homme était à présent aux prises avec six adversaires qui l'entouraient et l'attaquaient sans relâche. Deux autres gisaient déjà au sol, victimes d'une botte bien placée. Tourbillonnant au milieu de ses assaillants, il parait et frappait toujours au dernier moment avec une dextérité incroyable. J'avais du mal à suivre sa lame de l'œil tellement ses mouvement étaient rapides. Un à un, ses adversaires tombaient sous les coups précis de son épée courte qui, je le voyais maintenant, semblait entourée d'une aura bleutée.

J'aperçus alors du coin de l'œil l'acolyte resté à l'écart. Profitant du fait que son ennemi était occupé à tailler ses camarades en pièces, il avait sorti un pistolet et s'apprêtait à le mettre en joue, attendant une ouverture favorable pour tirer. Alors qu'il transperçait un autre ennemi, le mystérieux combattant se retourna et vit l'homme en train de le viser. Dans un réflexe fulgurant, il se déplaça derrière son dernier opposant, lui passa un bras autour du cou, et le plaça entre lui et le tireur. Une fraction de seconde plus tard, celui-ci vidait son chargeur dans le corps de son malheureux camarade. Sans lâcher son bouclier humain, l'homme dégaina le pistolet à la ceinture de ce dernier et riposta, abattant le lâche d'un tir bien placé. Puis il libéra le corps, qui s'écroula à terre.
Le silence retomba sur les lieux. L'homme se tenait debout, immobile au milieu d'une dizaine de cadavres d'acolytes. Il était de dos, et je ne pouvais donc pas voir son visage.

« Tu peux te montrer maintenant. »
Je mis quelques secondes à comprendre que c'était à moi qu'il s'adressait. Mais comment savait-il que j'étais encore là ? Surprise et un peu intimidée, je sortis de ma cachette pour m'avancer prudemment vers lui. Il s'était agenouillé et essuyait à présent le sang sur son épée après le manteau d'un de ses adversaires vaincus. Lorsque je l'eus rejoint, il se releva simplement, sans même se retourner vers moi. Je ne savais pas comment réagir.
« Je... euh... merci de... enfin, vous savez... » commençais-je en balbutiant, mais il leva la main pour m'indiquer de me taire.
« Ce n'est pas fini. IL arrive. »
Je me demandais encore de quoi est-ce qu'il voulait parler, et qui pouvait bien être ce IL, lorsqu'une voix forte retentit dans mon dos :
« Au nom de l'empereur, qu'est-ce qu'il s'est passé ici !!? »
Je me retournai brusquement. Derrière nous venait d'apparaître l'homme en armure. Il était suivi par une demi-douzaine de ses sbires, tous lourdement armés. Il balayait la scène du regard, avec une expression mêlée d'étonnement et d'irritation. Lorsque ses yeux se posèrent sur mon mystérieux protecteur, il s'arrêta net et son visage s'empourpra sous l'effet de la surprise et de la colère.
« Toi !!? » hurla-t-il presque. « Qu'est-ce que tu fais ici !?? Je t'avais pourtant dit de ne plus te mêler de mes affaires !!»
L'intéressé se retourna soudainement, feignant l'étonnement avec exagération.
« Ça alors ! Rykehuss, tu es là toi aussi ? Quelle étrange coïncidence...  En fait, vois-tu, j'étais venu ici pour recruter de nouveaux acolytes, et j'avais déjà trouvé plusieurs éléments prometteurs, lorsque j'ai été dérangé par un groupe d'hommes de main aux intentions fort belliqueuses» dit-il en désignant les cadavres à ses pieds. « Tu ne saurais pas qui pourrait les avoirs envoyés par hasard ? »
Son ton malicieux et moqueur eut pour effet d'accroître encore plus la colère de son interlocuteur, qui fulminait littéralement de rage.
« Tu me prends pour un idiot !!? Quand est-ce que tu vas arrêter de te mettre en travers de mon chemin !?? Attends que le seigneur inquisiteur Zerbe apprenne que tu t'es une fois de plus opposé à ma campagne de purge ! »
« Zerbe ne te soutiendra pas plus que les dernières fois, tu le sais bien. » répondit l'autre d'un ton nonchalant.
« Tu as tort de soutenir ces hérétiques, Kaede. Les sorciers ne peuvent rien apporter de bon à l'humanité ! »
« Je pense que cette discussion stérile ne nous mènera à rien. Comme d'habitude, aucun d'entre nous n'est prêt à changer d'avis. Sur ce, je vais y aller : j'ai encore beaucoup de choses à faire. Messieurs, au plaisir de vous revoir. » fit-il avec une nouvelle révérence. Puis, il sortit un petit appareil d'une poche de son manteau et l'activa.

Aussitôt, je sentis l'atmosphère autour de moi se distordre et l'air devenir flou. L'instant d'après, il me semblait que la réalité se déchirait pour laisser place à un tourbillon de lumière et de son. Une succession d'images furtives défila devant mes yeux, bien que je fus incapable par la suite me souvenir de quoi elles consistaient. Des pensées et des émotions inconnues se manifestaient dans mon esprit, me submergeaient, et j'avais l'impression que ma tête allait exploser sous la pression. Puis tout devint noir. J'étais plongée dans l'obscurité. J'aperçus alors une lumière. Elle clignotait doucement, tantôt verte, tantôt rouge. Peu à peu, mes yeux s'habituèrent à l'obscurité, et le brouillard qui recouvrait mon esprit se dissipa. J'étais allongée sur un lit d'hôpital, dans une salle grise aux murs recouverts d'appareils étranges. La lumière provenait d'une diode au plafond.

Je tentai de me redresser, et aussitôt je fus pris de nausée. J'avais l'impression que ma tête avait été broyée plusieurs fois. Rassemblant mes esprits, j'essayai de me remémorer ce qui c'était passé et comment j'étais arrivé ici. Les derniers évènements me revirent en mémoire au compte-goutte : les étrangers venus pour éliminer les brasiers, la fuite à travers Rajak, la mort de Liam, l'intervention du mystérieux bretteur, sa confrontation avec l'homme en armure, et puis cette étrange sensation lorsqu'il avait sorti son appareil.
Le bruit d'ouverture d'une porte coulissante me tira de mes pensées. L'homme au chapeau venait d'entrer dans la pièce.
« Ah ! Tu es réveillé. Très bien. Il y a plusieurs choses dont nous devons discuter. »
Me redressant péniblement pour m'asseoir sur mon lit, je lui demandais ce qui s'était passé.
« Eh bien, il semble que tu n'aies pas très bien apprécié ton petit voyage à travers le Warp. Ne t'inquiète pas, c'est souvent le cas quand on se fait téléporter pour la première fois. »
« Le Warp ? Qu'est-ce que c'est ? »
Ma question sembla le surprendre, puis il sourit.
« C'est vrai, j'oubliais que tu ignores tellement de choses... » Il prit un siège et s'assit en face de moi. « Ce que je vais t'apprendre va sans doute te sembler dur, terrifiant et incroyable à la fois, mais c'est la vérité. Sache en tout cas que tout ce que tu pensais savoir jusqu'ici ne vaut plus rien. »
Puis il me raconta tout. Le Warp et ses dons, mais aussi la menace omniprésente du Chaos, les psykers et leurs pouvoirs, ainsi que le danger qu'ils représentaient s'ils n'étaient pas contrôlés, l'Inquisition et son rôle crucial pour la sécurité de l'Impérium.
Cela faisait beaucoup d'informations en même temps, et j'avais du mal à les digérer. Surtout, je me rendais peu à peu compte des conséquences de ce qui venait de m'être révélé. Une autre question angoissante me vint tout à coup à l'esprit.
« Est-ce que... est-ce que je pourrai continuer à vivre à Rajak ? » demandais-je d'un ton peu assuré.
L'inquisiteur soupira.
« Il faut que tu saches qu'à présent, tu auras de nombreux ennemis où que tu iras. Les psykers non contrôlés par l'Impérium sont inlassablement pourchassés et tués par des hommes comme celui que tu as vu tout à l'heure. Celui-ci s'appelle Rykehuss. C'est un répurgateur fanatique et un véritable boucher qui a juré d'éliminer tous les psykers dissidents du secteur Calixis. »
Voyant mon air horrifié, il s'empressa d'ajouter :
« Heureusement, tous ne sont pas comme lui. Je pense, moi, que l'avenir de l'humanité réside dans la maîtrise des pouvoirs psychiques. Cela fait longtemps que je parcours le secteur à la recherche de personnes possédant ces pouvoirs. Des personnes comme toi.»
Je vis qu'il me regardait avec insistance.
« Voici maintenant les options qui s'offrent à toi. Tu peux aller te rendre aux autorités impériales les plus proches. Tu seras alors emmené sur Terra au cours d'un long voyage où l'on testera tes capacités mentales. Si tu te montres assez forte, tu subiras un rituel d'assermentation suivi d'un entraînement long et éprouvant pour devenir psyker impérial. Sinon... on ne te laissera pas en vie sachant que tu représentes un danger potentiel.
Tu peux aussi décider de fuir et de te cacher, c'est-à-dire te condamner à une existence de hors-la-loi où tu seras traqué sans pitié et ne connaîtras pas un seul jour de repos, jusqu'à ce que le feu d'un répurgateur mette fin à ta vie ou qu'un démon vienne prendre ton âme.
Ou alors, tu peux rester avec moi. Je te formerai et t'apprendrai à développer tes pouvoirs, et tu seras sous ma protection. En échange de quoi tu devras travailler pour moi en tant qu'acolyte. »
Je restai silencieuse un instant. Tout c'était passé si vite ces dernières heures.
« J'ai besoin de réfléchir. »
« Comme tu veux. » répondit-il. « Nous nous trouvons actuellement sur le Cruiser of Infinity, un vaisseau de libres-marchands en orbite autour de Karrik. Il fera route demain vers le monde-forge de Ryboth. Tu as jusque-là pour te décider. » Il se leva et se dirigea vers la porte. Mais il y avait encore une question qui me brûlait les lèvres.
« Et les autres ? Que sont devenus les autres brasiers de Rajak ? »
L'inquisiteur s'arrêta à mi-chemin de la sortie, puis se retourna vers moi. Son air était grave. « Mes acolytes ont essayé d'en sauver le plus possible, mais ils n'ont pas pu les préserver de la fureur de Rykehuss. Aucun de tes camarades psykers ne s'en est sorti vivant. »
Sur ces mots il quitta la pièce, me laissant anéantie sur mon lit.

Toute la nuit je fis des cauchemars dans lesquels je fuyais un ennemi invisible à travers un dédale de pénombre, alors que la voix tonitruante du répurgateur résonnait dans mes oreilles. A chaque fois, cela se terminait sur un océan de feu et de destruction.
Le lendemain matin, lorsque Kaede revint me voir, j'avais pris ma décision.
« C'est d'accord. » lui dis-je, à peine venait-il d'entrer. « J'accepte votre proposition. »
L'inquisiteur sourit, et répondit simplement : « Bienvenu dans les rangs de la sainte Inquisition, acolyte Syra Caena. »





Bi-class

Marduck

Ho soit pas si dur avec toi même. Il est bien ton BG et y'a de bonnes idées.

Après j'avoue ne pas avoir sût quoi faire avec le renard de feu, sachant que le coup du démon qui susurre à ton oreille, c'est un peu classique et je l'avais déjà fait à zouzouille.
Don't be a pussy, join the COPS !

Korael

Bah il était pas obligé d'être méchant le renard...  :P
Bi-class

Marduck

Citation de: Korael le 21 Octobre 2013 à 15:41:09
Bah il était pas obligé d'être méchant le renard...  :P

Les phénomènes psychique non contrôlés sont rarement gentils. Et puis tous les démons sont pas méchant ... pas tout à fait selon leur vision des choses :D
Don't be a pussy, join the COPS !

Zouzouille

Korael tu es vraiment un fou...
Un BG de 4 post... Et un démon gentil ça c'est ton côté bisounours :)

Korael

CitationEt un démon gentil ça c'est ton côté bisounours  :)
Sans doute, sans doute... mais dans mon esprit c'était pas forcément un démon à la base.

Je voulais apporter un peu d'innocence dans l'univers glauque de Warhammer 40 000. Histoire de changer un peu, mais aussi pour voire ce que donnerait la confrontation avec des personnages plus "durs".

Le truc, c'est que j'ai eu parfois l'impression que vous preniez ça pour ma propre candeur et pas celle Syra. ^^
La prochaine fois, je ferai un perso plus trash...  >:D
Bi-class